Bonjour, je suis Inspecteur du Permis de Conduire, j'ai eu envie de faire ce petit billet pour ceux et celles qui peut-être se "mettent la rate au cours bouillon" parce que l'examen du permis de conduire se profile dans quelques jours...
Pas de recette miracle bien sûr, mais bon on peut toujours optimiser...
Examen du permis de conduire, gestion du stress
Stress, définitions :
« Le stress est un état psychologique issu de
la perception d’un déséquilibre entre les attentes perçues et l’autoévaluation
de ses propres capacités à rencontrer les exigences de la tâche ».
J. Larue.
Formulons différemment : le stress survient
lorsqu’il y a déséquilibre entre une situation à gérer (ou tout au moins la perception que nous en avons) et les
ressources (ou la perception que
nous en avons) en notre possession pour y faire face.
Illustrons ce beau concept par un exemple plus
« parlant » :
Un sauteur à la perche est face à la barre qu’il
doit franchir.
Les ressources en sa possession sont ses
connaissances de sa course d’élan, les endroits où prendre ses appuis, la
position des mains sur la perche…en un mot sa technique.
La conscience de sa technique permet au sportif
d’activer de manière optimale toutes ses ressources pour répondre favorablement
à la situation à gérer, ici, franchir plus de 6 mètres si notre sportif
s’appelle Renaud Lavillenie !
Ce stress là est positif.
Une autre attitude existe, « la barre est
trop haute », nous nous trouvons démunis et n’avons pas confiance en nos
possibilités, « nous n’y arriverons jamais »…
Ce stress là est négatif.
Pourquoi je disserte sur le saut à la perche sur
ce site ?
Parce que votre barre à vous c’est l’examen du
permis de conduire, parce que vous aussi vous allez devoir gérer un état de
stress,
parce que vous aussi, vous avez des ressources que
vous devrez mobiliser au mieux, parce que vous aussi vous avez de la technique
que vous ont enseignés vos formateurs,
parce que je peux vous aider à fabriquer du stress positif.
Le stress peut être engendré par l’inadéquation de
la technique (ressources) avec la situation à gérer (l’examen).
Je vous propose dans un premier temps de vérifier
que la représentation que vous avez
du déroulement de l’examen soit la plus fidèle possible à la réalité.
Un deuxième temps sera consacré à la mobilisation
de votre technique, en d’autres termes comment ne pas « flipper » et
« perdre ses moyens ».
I.
A
quoi s’attendre le jour J, déroulement chronologique de l’examen du permis de conduire.
Vous êtes convoqué à une certaine heure (de 8 h.
le premier examen de la journée, à environ 16 h. le dernier) ;
Lorsque vous serez appelé, trois personnes seront
présentes dans le véhicule : votre formateur ou un représentant de l’école
de conduite à l’arrière, l’examinateur ou l’examinatrice à droite et vous-même
au volant.
"L'expert présente l'épreuve individuellement à chaque candidat, en lui précisant qu'il devra :
Réaliser un parcours empruntant des voies à caractère urbain, routier et/ou autoroutier ;
Suivre un itinéraire ou se rendre vers une destination préalablement établie, en se guidant de manière autonome, pendant une durée globale d'environ 5 minutes ;
Réaliser un freinage pour s'arrêter avec précision ; ;
Réaliser une manœuvre en marche arrière ;
Procéder à la vérification d'un élément technique à l'intérieur et à l'extérieur du véhicule et répondre à une question en lien avec la sécurité routière ;
Appliquer les règles du code de la route, notamment les limitations de vitesse s'appliquant aux élèves conducteurs ;
Adapter sa conduite dans un souci d'économie de carburant et de limitation de rejet de gaz à effet de serre ;
Faire preuve de courtoisie envers les autres usagers, et notamment les plus vulnérables".
Réaliser un parcours empruntant des voies à caractère urbain, routier et/ou autoroutier ;
Suivre un itinéraire ou se rendre vers une destination préalablement établie, en se guidant de manière autonome, pendant une durée globale d'environ 5 minutes ;
Réaliser un freinage pour s'arrêter avec précision ; ;
Réaliser une manœuvre en marche arrière ;
Procéder à la vérification d'un élément technique à l'intérieur et à l'extérieur du véhicule et répondre à une question en lien avec la sécurité routière ;
Appliquer les règles du code de la route, notamment les limitations de vitesse s'appliquant aux élèves conducteurs ;
Adapter sa conduite dans un souci d'économie de carburant et de limitation de rejet de gaz à effet de serre ;
Faire preuve de courtoisie envers les autres usagers, et notamment les plus vulnérables".
Arrêté du 19 février 2010 relatif aux modalités de l’épreuve
pratique de l’examen du permis de conduire
Dans la majorité des cas, l’expert vous demandera
si vous avez des questions, ensuite….
A vous de jouer…de conduire pardon !
Le temps imparti à l’examen dans son intégralité
est de 35 minutes.
Vous revenez au point de départ, l’expert vous
signifie la fin de l’examen, résultat par voie postale ou électronique.
That’s all.
II. Ce
site parle de pistes pour gérer cette affaire au mieux…
Une mauvaise nouvelle : la recette miracle
n’existe pas et votre serviteur n’est pas un gourou…
Une bonne nouvelle : des techniques ont fait
leurs preuves et fonctionnent.
a) Comment
gérer « l’avant »?
Nous sommes ici dans la préparation mentale, quoi faire et
comment ?
Prévoir est difficile et peut s’avérer contre-productif. Je
m’explique : établir des scenarii pour la partie conduite est bien sûr
impensable, conduire c’est s’adapter en permanence à un contexte changeant et
en perpétuelle évolution (trafic, météo…), et de plus je ne serai pas maitre de
mon parcours puisque dirigé par une tierce personne.
Etablir un scénario intra-personnel (ma relation avec
l’expert par exemple) est tout aussi hasardeux, serais-je en présence d’un
homme ?, d’une femme ?, d’un extraverti ?, d’un
introverti ?, d’une personne jeune ?, moins jeune ?....
Se rassurer en essayant de prévoir à outrance est impossible
et dangereux. Effectivement, cela mènerait à la déstabilisation en se trouvant confronté
à la situation à gérer, forcément différente des scénarii envisagés.
La certitude que ce qui arrivera sera différent de ce que l'on
a prévu me prépare à gérer l’imprévu.
C’est un grand principe de conduite préventive, mais c’est
aussi un grand principe de communication.
Sur quels leviers puis-je agir ? Pas sur le trafic routier,
pas sur le choix de l’itinéraire, pas sur l’examinateur, pas sur la météo…
Je suis mon propre
levier !
« Il ne faut pas prévoir » qu’il dit le monsieur
sur son site !
Alors on ne fait rien ?
Bien sûr que ne rien faire ne fait pas progresser et ne prépare
pas.
Nous sommes dans la gestion de l’avant, je vous propose de
construire notre stand de départ.
C’est notre façon à nous d’avoir une emprise sur les
évènements, nous décidons quand commence
le permis !
Si c’est la veille que vous commencez à gamberger sur ce
rendez-vous construisez le stand la veille, si c’est une heure avant, faites le
une heure avant.
Nous allons meubler le stand avec tout ce que nous avons
besoin pour nous mettre dans les meilleures dispositions. Un truc tout bête,
les vêtements que vous porterez le jour du permis seront des vêtements que vous
portez avec plaisir et dans lesquels vous êtes vous-même !
Conduire avec des chaussures qui font mal ou avec une veste
qui comprime la cage thoracique ne facilite pas la décontraction ! Mettez
donc ces fringues dans le stand la veille du départ, à côté des documents que
votre formateur vous a dit de prendre (la carte d’identité je crois…)
C’est votre stand, n’y entrent que vos invités !
Ne rentrent pas par exemple les candidats qui sont passés
avant vous et qui ont tous une anecdote à raconter sur la façon dont cela c’est
mal passé…
Croyez-vous que dans les écuries des grands pilotes de grand
prix rodent des personnes qui leur diraient qu’ils n’ont aucune chance ?
C’est dans ce stand, quelques minutes avant le départ, que
vous actionnez les leviers à votre disposition.
Vous allez mettre en marche les moteurs de la communication. Communiquer,
c’est mettre en commun, fermez-vous et il y a de grandes probabilités que
votre interlocuteur se ferme, souriez, un sourire vous fera écho, et cela va
vous détendre déjà un peu !
De plus vous aurez la sensation de participer au déroulement
de la séance, vous n’êtes pas passif.
Profitez également de ce moment pour vous rappeler que votre
technique est là, tout comme le sauteur à la perche évoqué au début, vous avez
déjà franchi beaucoup de barres lors des séances avec votre formateur. En
résumé, quelques minutes avant dans votre stand, vous enclenchez votre positive attitude, soyez sûr qu’elle se
remarquera.
En dernier lieu sachez également objectiver et évaluer de
manière juste l’enjeu : quels sont les risques encourus ?
Un chirurgien qui opère un patient à cœur ouvert gère son
stress, quels sont les risques encourus ?
b) Comment
gérer « le pendant » ?
La positive attitude continue, conduire en se montrant
souriant et ouvert n’est pas plus difficile que de conduire « en faisant
la gueule »…Je sais…c’est une prestation de conduite qui est évaluée et
pas un sourire (heureusement !) mais quel message vaut-il mieux
véhiculer : « je prends plaisir à conduire » ou « vivement
que ce calvaire se termine » ?
Durant votre phase de conduite, des arrêts au stand sont
prévus. Vous voyez que l’on a bien fait de le faire à notre goût ce stand.
En effet au moins un arrêt est prévu pour procéder aux
vérifications autour du véhicule. Profitez de cet arrêt pour vous ménager une respiration (au sens propre et au sens
figuré),
visualisez du positif,
ce que vous avez réussi jusque là par exemple, réentendez une remarque positive
de l’examinateur.
Notre sauteur à la perche visualise des sauts réussis et pas
des barres qui tombent.
Rappelez-vous, nous avons dit qu’il fallait se préparer au
fait que tout ne se passe pas comme nous l’avions imaginé…et oui, vous faites
des erreurs durant votre parcours, et en plus l’examinateur vous le fait
remarquer !
Comment gérer ça monsieur « je sais tout » ?
En ne le gérant pas justement ! Qui est
l’évaluateur ? Vous ou la personne qui est à votre droite ? Je veux
dire par là que la meilleure façon de tomber au fond du trou est de regarder le
fond.
Vous avez fait peut-être une erreur, un débutant ne fait-il
pas des erreurs ? Est-ce rédhibitoire ? Qu’en savez-vous ?
Pourquoi l’examinateur me le fait-il remarquer ? Sur ce dernier point,
j’ai la réponse : pour vous aider à réajuster, c’est pour votre bien.
Donc surtout pendant votre prestation ne cherchez pas à vous
autoévaluer, c’est impossible, vous avez autre chose à faire…et puis savoir
faire le deuil de la perfection c’est savoir progresser.
c) Comment
gérer « l’après » ?
Par définition, cette partie sera la plus
« light ». Toutes mes félicitations si la poste où votre boîte mail vous a apporté une
bonne nouvelle.
Autre hypothèse, le résultat est défavorable…
Vous reviendrez dans le stand que vous aviez construit,
invitez votre formateur qui a assisté à votre prestation à débriefer avec vous.
Considérez que cet échange avec votre formateur est le point de départ de votre
prochaine réussite.
« Les échecs fortifient les forts » avait dit Antoine De
saint-Exupery.